Afghan Youth Orchestra. Les jeunes virtuoses de l'Afghan Youth Orchestra ont enthousiasmé le public du Victoria Hall de Genève. (Photo: Luisa Ballin)

Le concert de soutien Music from a Silent Land, qui a eu lieu au Victoria Hall de Genève, le 6 septembre dernier, a séduit le public venu nombreux écouter les jeunes virtuoses. Sourires et regards complices des jeunes artistes visiblement ravis de jouer ensemble pour un public qui n’a pas caché son enthousiasme, cet événement culturel émouvant est en résonnance avec les dénonciations sur la situation des fillettes et des jeunes filles afghanes interdites de scolarité et de musique par le régime totalitaire afghan.

Depuis qu’ils sont à nouveau au pouvoir depuis deux ans, les Talibans bouleversent une fois encore la vie des femmes et des filles afghanes, leurs droits et leur avenir, en les soumettant à un apartheid de genre. « Nous ne pouvons pas oublier le peuple afghan. Nous devons amplifier leurs voix dans la lutte pour leurs droits à l’éducation et au travail », avait déclaré en août la Secrétaire générale adjointe de l’ONU, Amina Mohammed. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, Volker Türk, basé dans la Cité de Calvin lui a fait écho en réitérant son appel aux autorités de facto de l’Afghanistan, de respecter, défendre et promouvoir les droits de toutes les personnes, sans discrimination. 

Volker Türk a estimé que les restrictions sévères imposées aux femmes et aux filles, dont les droits d’accès à l’éducation et au travail, la liberté de mouvement et la participation à la vie quotidienne et publique ont été érodés par une série de décrets discriminatoires promulgués depuis la prise de pouvoir des Talibans. Le Haut-Commissaire appelle la communauté internationale à agir et à faire pression sur les Talibans. Le peuple afghan, en plus d’être confronté à de graves restrictions de ses droits, vit une situation humanitaire et économique désastreuse. « Aucun Afghan n’est épargné, d’une manière ou d’une autre, par la violence et le conflit des quatre dernières décennies », a souligné Volker Türk dans un communiqué, relevant que les victimes et leurs familles continuent à rechercher la justice et à demander des comptes.

Le 22 août dernier, le service des droits de l’homme de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) avait en outre déclaré : « Entre la prise de pouvoir par les Talibans le 15 août 2021 et le 30 juin 2023, le Service des droits de l’Homme a obtenu des informations crédibles selon lesquelles des membres des autorités de facto étaient responsables de 218 exécutions extrajudiciaires, 14 disparitions forcées, plus de 144 cas de torture et de mauvais traitements et 424 arrestations et détentions arbitraires ».

Le personnel des Nations Unies chargé des droits de l’Homme continue de travailler en Afghanistan en surveillant, documentant et défendant une série de questions relatives aux droits fondamentaux, notamment les droits des femmes et des filles, les libertés, la protection des civils dans les conflits armés et les droits des détenus. 

Afghan Youth Orchestra.

La musique pour résister

Isabelle Muller, Directrice du Centre des arts à l’Ecole internationale (Ecolint) de Genève, dont le slogan est « Éduquer les élèves à être des citoyens du monde ayant la capacité et le courage de créer ensemble un lendemain juste et joyeux », a également appelé à soutenir le peuple afghan et son droit à la culture et à la musique.

« Dans un contexte où les droits les plus fondamentaux sont bafoués, quel avenir pour la culture et la musique en Afghanistan ? Une lueur d’espoir est-elle possible pour les femmes et les hommes qui cherchent, en situation d’exil, à désespérément faire vivre cette expression fondamentale de l’identité afghane ? Quelques jours avant l’ouverture de la 54ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la table-ronde que nous avons organisée à l’Ecolint a fait le point sur la situation actuelle, telle qu’elle est vécue par celles et ceux qui sont en prise directe avec ces enjeux ».

Et Isabelle Muller d’ajouter : « Pays empreint d’une tradition et d’une richesse musicales millénaires, l’Afghanistan subit aujourd’hui de plein fouet le joug des Talibans, s’agissant non seulement des droits humains mais aussi de toute expression culturelle. Réfugié·e·s au Portugal, les musicien·ne·s de l’Afghan Youth Orchestra portent le flambeau de cet héritage culturel, et par la continuation de leurs activités donnent une courageuse lueur d’espoir, une voix à un peuple destitué de ses droits les plus fondamentaux ».

Luisa Ballin est une journaliste italo-suisse accréditée à l’ONU, correspondante du magazine Global Geneva/Italo-Swiss journalist Luisa Ballin is a contributing editor of Global Geneva magazine.

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