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Critical Perspectives in Latin American Cinema

This article delves into the impact of documentary films in Latin America, showcasing how cinema serves as a powerful medium for cultural expression and critical perspectives on social issues. It features insights from filmmakers about their creative processes and the relevance of their works in today's society.

Luisa Ballin·
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EDITION FRANCAISE

Comment est née l’idée de votre documentaire ?

Para no olvidar (Pour ne pas oublier) a nécessité cinq ans de recherches. L’idée initiale était d’évoquer la migration et l’exil. Je viens d’une famille qui, de génération en génération, a vécu des situations d’exil et de migration. Pendant le processus de réalisation du film, des changements dans ma vie m’ont amenée à bifurquer, comme le décès de mon père qui a remis en question pas mal de choses dans ma vie et dans ma manière de faire du cinéma.

Quel a été le matériel qui vous a permis de réaliser Para no olvidar ?

À la mort de mon père, j’ai retrouvé des films en Super 8 qu’il avait filmé pendant 30 ans et que je n’avais pas vus. Ces archives en images et les cassettes audio que mon père, ses parents restés en Uruguay et sa sœur, elle aussi exilée, avaient échangées pendant la dictature m’ont donné l’idée de reconstituer avec ces souvenirs fragmentaires un puzzle de la mémoire familiale.

Ce film est présenté en 2023, cinquante ans après le coup d’État militaire qui a eu lieu le 27 juin 1973 en Uruguay. Était-ce prévu ?

Ce n’était pas prévu tout comme je n’avais pas prévu de parler de la dictature en décidant de faire le film. Cette thématique est arrivée en cours de tournage car il y avait de nombreux points d’interrogation et notamment le thème de la dictature qui n’avait jamais été abordé auparavant dans ma famille. En cherchant dans les archives, les questions liées à la dictature ont surgi. Je ne pouvais pas ne pas l’évoquer.

D’autant plus que la dictature a eu un impact dans le parcours de votre père…

En effet. Lorsque j’ai monté film, qui était aussi un processus de deuil, je ne savais pas quand le film serait terminé et si cela allait coïncider avec les 50 ans du coup d’État militaire en Uruguay.

Comment a réagi votre famille en visionnant votre documentaire de création ?

La première spectatrice du film a été ma mère, à qui le film est dédié. Elle a été émue et l’a beaucoup aimé. Comme si un cycle se terminait. Ma tante, personnage important du film puisqu’elle était l’interlocutrice de son frère, mon père, avec les cassettes qu’ils échangeaient, a aussi été touchée par le film lorsqu’il a été projeté en Uruguay. La boucle était aussi bouclée pour elle. Visionner ce film ensemble a été le début d’un dialogue avec ma mère, ma tante et le reste de la famille.

En Uruguay, beaucoup de gens ont été touchés personnellement par la dictature. Un grand nombre de personnes avaient dû s’exiler ou assister au départ des membres de leurs familles. Après la projection, certaines personnes m’ont dit avoir vécu des choses similaires à celle décrites dans le film. Cela a été une belle expérience. C’est là que l’on se rend compte que l’on ne fait pas des films pour soi, mais pour les gens. Pour que cela résonne pour soi et pour d’autres.

Quelle a été la réception du film à Montevideo ? Comment allez-vous procéder en tant que coach des collégiens qui remettront le Prix du Jury des Jeunes du Festival FILMAR en América Latina le dimanche 26 octobre dès 19h00 à l’Auditorium de la Fondation Arditi ?

Nous sommes surexposés à une pléthore d’images que nous avons de la peine à voir réellement. Je vais leur dire qu’il y a une manière d’analyser les images, de prendre du temps pour les comprendre. Et d’écouter les sons d’une autre façon. Le média audiovisuel devient de plus en plus court, alors que nous les cinéastes faisons un travail énorme pour raconter des histoires avec une certaine longueur et penser le monde d’une autre façon. Notre tâche est aussi de permettre aux jeunes d’avoir un regard critique sur le monde à travers le cinéma.

Liens : www.filmar.ch

Laura Gabay: https://filmar.ch/guest/laura-gabay/

Para no olvidarhttps://filmar.ch/films/para-no-olvidar/

Cérémonie de clôture et remise des prix OPERA PRIMA ET FOCUS SUD:

Cérémonie de clôture 2023

Luisa Ballin est une journaliste italo-suisse accréditée à l’ONU, correspondante du magazine Global Geneva/Italo-Swiss journalist Luisa Ballin is a contributing editor of Global Geneva magazine.

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