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Roselyne Bachelot: Highlights from the Bal des Hypocrites

Delve into Roselyne Bachelot's journey and her contributions as Minister of Culture. Join us in exploring the event highlights at the Bal des Hypocrites and their significance in Geneva's vibrant social scene.

Luisa Ballin·
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3 juillet 2020. « Bonsoir Roselyne, c’est Jean Castex ». Le journal de bord de Roselyne Narquin-Bachelot s’ouvre come un lever de rideau lorsque le Premier ministre français d’alors lui propose le poste de ministre de la Culture dont elle a toujours rêvé. Cette férue d’opéra, qui a la trempe mais non les caprices d’une diva, sait qu’elle devra ferrailler contre ceux qui ne veulent pas reconnaître la culture comme « bien essentiel » et qui pensent que le Bel Canto n’est réservé qu’à quelques privilégiés.

L’émerveillement qu’elle avait ressenti un soir à l’arène de Vérone résume sa passion. « Je soutiens que l’opéra est un vrai spectacle populaire et que c’est une erreur profonde de l’avoir trop souvent transformé en des happenings foireux appréciés d’élites qui peuvent s’offrir des sensations fortes avec des billets aux prix déments ». Volonté, humour et fantaisie. Armes de conviction massives pour la batailleuse Roselyne, dont le prénom a suffi à faire d’elle une personnalité médiatisée, comme celui de stars du septième art : Maryline, Claudia, Brigitte. La Monroe, la Cardinale, la Bardot, la Bachelot. Celle qui fut ministre de la Culture pendant 682 jours luttera vaillamment pour garder en vie salles de spectacles, cinéma er troupes de théâtre, égratignant au passage certains artistes starifiés qui se la jouaient victimes sacrifiées, alors que l’argent public coulait à flot, au plus fort de la pandémie de Covid-19.

Mais ses plus belles cartouches orales et écrites, Roselyne Bachelot les réserves à ses collègues de la scène politique hexagonale et autres grands pontes, notamment ceux qui, lorsqu’elle était ministre de la Santé, lui ont rappelé élégamment qu’elle n’était « que pharmacienne ». Un passage de son livre, évoquant un texte constitutionnel examiné en Congrès à Versailles est éloquent. « Jean-Louis Debré m’a refusé d’être l’oratrice du groupe au motif que mes positions féministes déplairaient à mes collègues. Sur la loi Tabac-Alcool, alors que j’étais, là aussi, l’orateur du groupe, Bernard Pons m’a retiré mon poste – trois heures avant de prendre la parole – au motif clairement exprimé de ne pas déplaire aux lobbys du pinard et de l’affichage qui finançaient le parti et il a confié le discours à la tribune au député du secteur de Cognac… », écrit-elle.

La Santé. Son cheval de bataille avec la Culture. Bachelot l’insubmersible dégaine sur un épisode concernant la loi Santé de 2009, lorsque « François Fillon m’obligea, alors que le texte était déjà en discussion, à renoncer aux mesures de régulation de l’installation des médecins, sur le mode de ce qui s’est imposé sans problème aux pharmaciens ou aux infirmiers. Nous payons encore aujourd’hui ce refus devant l’obstacle ».

Et l’ancienne ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy de poursuivre : « Cela m’a valu d’être exfiltrée de mon poste de ministre de la Santé vers celui des Solidarités. François Fillon m’a expliqué : « Tu comprends, il faut se réconcilier avec les médecins ». Et paf ! On a pris dix ans de retard dans l’installation des outils que j’avais mis dans la loi telles la télémédecine, la délégation de compétences et tant d’autres que je vois resurgir ».

Féministe, la ministre de la Culture ? « En fait, on n’accepte la parole des femmes dans l’espace public qu’à condition qu’elle se coule dans le mainstream et soit validée par une référence masculine. Si vous tenez à votre propre compte un propos disruptif, vous êtes traitée au choix de mamie zinzin, d’incompétente ou d’écervelée tentant de faire du buzz, là où un homme sera considéré comme un esprit fort et même visionnaire ». Signé Bachelot.

Et Roselyne ne manie pas la langue de bois. Sans tourner autour du pot, elle tire un bilan lucide de ses jours au ministère de la Culture, dans son ouvrage coup de cœur, coups de griffe. Fine mouche, elle sait que, comme Cendrillon, il faut quitter le bal avant que sonne l’heure fatidique. « Dans mes fonctions politiques, j’ai toujours suivi les conseils de ma vieille bête de père, qui m’avait enjoint, quand j’étais entrée pour la première fois dans mon bureau de l’Assemblée nationale « Tu dois quitter cette pièce tous les soirs comme si tu ne devais jamais y revenir. Pas de photos, pas de bibelots, aucun objet personnel… » Il appelait cela l’« ascèse de l’adieu » et ma mère, plus pragmatique, du haut de son pessimisme constant, assurait qu’il fallait « quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent ». Rentrer chez soi chaque soir, régler à la fin de chaque mois les repas pris au ministère, n’être là que de passage, ne jamais s’installer ».

L’intrépide ministre de la Culture ne rempilera pas. Aucun appel du pied pour rester. Des regrets ? Un pincement, écrit-elle : « quitter le ministère de la Culture a été pour moi un deuil douloureux et cela restera un arrachement que je porterai tout au long de mon existence ». Roselyne Bachelot rebondira comme éditorialiste sur BFM-TV, RTL et Forum Opéra.

Le 20 mai 2022, au moment de quitter son poste de ministre de la Culture, la battante mais non battue reçoit un message du Président de la République Emmanuel Macron : « Je vous adore. Vous êtes super. Je vous embrasse ». Rideau. Demain est un autre jour, conclut-elle.

À lire : 682 jours de Roselyne Bachelot (Ed. Plon, 2023).

À écouter : Lundi 13 février, à partir de 19h30. Roselyne Bachelot sera interrogée par Richard Werly, correspondant à Paris de Blick.ch, qui a reçu l’insigne de Chevalier des arts et des lettres du ministère français de la Culture, auteur de La France contre elle-même. De la démarcation de 1940 aux fractures d’aujourd’hui (Ed. Grasset & Fasquelle, 2022).

Dîner-conférence organisé par Convergences,cercle dirigé par Colette Cellerin. Restaurant du Parc des Eaux-Vives. Quai Gustave Ador. Genève.

Contact pour inscription : colette.cellerin@adudida1953

Luisa Ballin est une journaliste Italo-suisse qui collabore régulièrement avec le magazine Global Geneva.

Italo-Swiss journalist Luisa Ballin is a contributing editor of Global Geneva magazine.

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