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Kevin Germanier : L'étoile de la mode durable

Kevin Germanier, maître de l'upcycling, allie créativité et écologie dans la mode. Ce jeune designer a captivé le monde avec ses créations colorées, au service d'une esthétique responsable.

Luisa Ballin·
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EDITION FRANCAISE: Passionné de sciences fiction, de jeux vidéo et de mangas, Kevin Germanier, né à Granges dans le district de Sierre en Valais, était l’invité de l’association Swiss Made Culture sise à Crans-Montana, une semaine après la clôture des Jeux Olympiques d’été Paris 2024. Le jeune styliste a enchanté un public enthousiaste venu l’écouter dans une salle comble au Centre de Congrès Le Régent. Entouré par la soixantaine de musiciens de la fanfare Ancienne Cécilia de Chermignon, il s’est exprimé avec un sens de l’humour et de la formule appréciés, devant un mur de trois écrans géants illustrant les temps forts de son défilé à la semaine parisienne de la mode.

La force de Kevin Germanier réside dans son talent d’une grande originalité ainsi que dans le soutien que lui apportent sa famille et son équipe de tricoteuses avec lesquelles il sublime la maille et le crochet. Reconnaissant, ce couturier attachant ne manque pas de leur rendre hommage en public et dans la presse.

Le roi de l’upcycling haut de gamme, aux créations avant-gardistes, a notamment habillé de ses tenues colorées Björk, Beyoncé, Lady Gaga, Taylor Swift, Rihanna, Heidi Klum, Kristen Stewart, Lily Collins et vu Ashley Park porter fièrement son beau sac « Améthyste » dans la série Emily in Paris sur Netflix. Il a également créé une robe pour une personne qui lui est chère : « ma maman qui a toujours été là pour moi ». Une tendre complicité lie en effet Kevin Germanier et sa mère, comme nous l’avons constaté à l’heure d’ajuster huit tenues sur des mannequins de cire, le matin avant la présentation de l’événement au Régent.

Cet artiste féru d’architecture fait aussi la part belle à un échange fécond entre générations. Enfant il aimait l’artisanat et les costumes des personnages de jeux vidéo qui ont inspiré sa créativité audacieuse. Son ambition dès l’adolescence ? « Démontrer que l’impossible pouvait être possible ». À 32 ans, l’homme à l’imaginaire sans frontières est décidé à aller au bout de ses rêves, dévoilant volontiers ses souhaits : habiller un hôtel, un train, un avion ou l’Eurovision de la chanson. Et lorsque l’ancienne Conseillère fédérale et Présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey, présente à la soirée de Swiss Made Culture, lui demande s’il serait prêt à relooker le Conseil fédéral, il répond en souriant et sous les applaudissements : « Oui, j’adorerai mettre des paillettes à Berne. L’idée est lancée, je vous laisse y travailler ».

(Photo: Courtoisie de Swiss Made Culture)

Modeste et déterminé, Kevin Germanier ne cache pas son désir d’être un jour directeur artistique de la Maison Dior, ajoutant avec un bel optimisme : « à force de le dire, peut-être que cela finira par arriver ». Il peut assurément y aspirer, après un parcours qui l’a mené de la Haute École d’Art et de Design de Genève (HEAD) à l’Institut Français de la Mode, l’obtention d’un diplôme au prestigieux Central Saint Martins College of Art and Design à Londres en 2021, sans oublier la création de sa marque Germanier en 2018 et des expériences professionnelles chez Balenciaga et Chloé.

La chance sourit aux audacieux. Auteur de tenues et de costumes spectaculaires, de petits sacs qui sont un plaisir des yeux, Kevin Germanier a un jour croisé la route de Daphné Bürki, journaliste et styliste, qui lui a présenté Thomas Jolly, metteur en scène des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques de Paris. Le créateur suisse les a séduits et ensuite ébloui plus d’un milliard de téléspectateurs sous toutes les latitudes par ses créations qui feront date : comme la robe à plumes de l’escrimeuse hémiplégique italienne Beatrice Bebe Vio, lors de la cérémonie d’ouverture des JO ou la combinaison futuriste dorée recyclée du Golden Voyageur, revêtue par le danseur français Arthur Cadre, brodée avec 20 000 perles et sequins scintillants à la cérémonie de clôture.

Kevin Germanier et sa maman, cheffe d’atelier et inestimable soutien. (Photo Luisa Ballin)

Et que dire du vêtement du pianiste jurassien Alain Roche, jouant dans les airs à la verticale, constitué des bandes de 200 bobines de cassettes VHS, sorties des films de l’enfance de Kevin Germanier, qu’il a transformées, tout en légèreté, telles de longues plumes d’oiseau. Ou les tenues claires des acrobates, danseurs et artistes circassiens métamorphosés en voyageurs d’une odyssée de l’espace et du temps pour ce Records, show chorégraphique et acrobatique inoubliable, avec 120 créations confectionnées à partir de tissus écoresponsables.

Rien ne résiste à l’imagination et aux fulgurances de style de Kevin Germanier, qui de sa griffe magique transforme déchets de l’industrie textile et chutes de tissus en pièces élégantes et chatoyantes. “Lorsque j’étais étudiant, je n’avais pas beaucoup d’argent”, avait-il confié à Vogue France lors d’un entretien, “je créais des vêtements à partir de vieux draps et de perles destinées à la déchetterie pour réduire les coûts. C’est de cette façon que je me suis rendu compte du potentiel de la mode durable.”

La précision professionnelle, l’aisance bienveillante, la disponibilité et la gentillesse de Kevin Germanier sont louées par tricoteuses, brodeuses, journalistes, collaboratrices, assistants, mannequins, chef et musiciens de sa fanfare de chœur. Artiste respectueux et inclusif Kevin Germanier partage aussi ses valeurs comme l’éthique et l’esthétique avec Beatrice Bebe Vio, double médaillée olympique de para-escrime, championne du monde et d’Europe, l’une des athlètes vedettes des Jeux paralympiques de Paris.

Le parcours de Bebe Vio est un hymne à la vie et à la résistance, puisque à l’âge de onze ans, atteinte d’une méningite fulgurante, elle a été amputée des jambes et des avant-bras pour éviter une nécrose rampante. Après maintes interventions chirurgicales et greffes de peau, la future championne réapprend à marcher à l’aide de prothèses. Militante en faveur des droits des personnes handicapées et pour la vaccination contre les infections à méningocoques, l’amie et égérie de Kevin Germanier a une Barbie à son effigie, célébrant charme, courage et beauté face à l’adversité.

« Séduisante et singulière, forte et fragile, la mode de Kévin Germanier continue de flouer la distinction entre prêt-à-porter et haute couture avec un sens inégalé du fun » est l’un des commentaires lus dans la presse qui l’encense. Et qui attend avec impatience de découvrir ses nouvelles tenues lors de la prochaine Fashion Week de Paris en septembre.

Luisa Ballin est une journaliste italo-suisse accréditée à l’ONU, correspondante du magazine Global Geneva/Italo-Swiss journalist Luisa Ballin is a contributing editor of Global Geneva magazine.

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