Dans une déclaration publiée le 26 févier 2021, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme : Le moment est venu. La coalition mondiale engagée à parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050 grandit parmi les gouvernements, les entreprises, les investisseurs, les villes, les régions et la société civile. « Les plans de redressement face à la COVID-19 offrent la possibilité de reconstruire de façon plus verte et plus propre. Les décideurs doivent prêcher par l’exemple. Les engagements à long terme doivent s’accompagner d’actions immédiates pour lancer la décennie de transformation dont les peuples et la planète ont si désespérément besoin ».
Antonio Guterres presse ainsi les principaux émetteurs de gaz nocifs pour le climat à « intensifier leurs efforts pour établir des objectifs beaucoup plus ambitieux de réduction des émissions d’ici à 2030 dans leurs contributions déterminées au niveau national, et cela bien avant la tenue de la Conférence de l’ONU sur le climat, en novembre, à Glasgow ».
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Et comme pour corroborer les propos alarmistes du Secrétaire général de l’ONU, le même jour un iceberg de la taille des agglomérations de Paris ou Londres s’est détaché de l’Antarctique, non loin d’une station de recherche britannique qui surveille une faille due à la fonte des glaces. Des images filmées au drone par l’institut britannique montrent une île de glace de 1.270 kilomètres carrés qui devrait, selon la directrice du British Antarctic Survey Jane Francis, « s’éloigner ou s’échouer et rester à proximité ».
Un « programme d’action d’adaptation » aux effets du changement climatique sera-t-il suivi d’effets, notamment avec le retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris, que l’ancien président Donald Trump avait déserté à son arrivée à la Maison blanche ? John Kerry, le nouvel émissaire pour le climat nommé par le président Joe Biden, représente plus qu’un symbole à ce propos, puisqu’il avait paraphé le texte de l’Accord de Paris, en décembre 2015, lorsqu’il était chef de la diplomatie de l’alors président Barack Obama.
Un plan de survie de l’humanité
La nature se déchaîne pour démontrer que les changements climatiques ne sont pas une vue de l’esprit. Et si les efforts pour tenter de freiner la pandémie de coronavirus doivent continuer sous toutes les latitudes, ils ne doivent pas occulter l’engagement mondial en faveur de la sauvegarde de la planète. Dans son dernier livre Un plan de survie de l’humanité – Les objectifs du développement durable, l’expert genevois de la durabilité René Longet, ancien élu au Parlement fédéral et membre de la délégation suisse à divers Sommets mondiaux, rappelle que les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU offrent à l’humanité une orientation, un cadre d’action, une perspective et l’espoir de nouveaux équilibres.

Invitant chacun à être « acteur du changement », René Longet, qui préside par ailleurs la Fédération genevoise de coopération (FGC), souligne que l’Agenda 2030 est un engagement politique et non pas juridique et qu’il est tributaire de l’importance que lui donnent ses destinataires. « On doit attendre des États qui l’ont négocié et adopté qu’ils l’appliquent. Dans la réalité, plus nous sommes nombreux à nous référer à l’Agenda, plus nous lui donnons du crédit et plus nous renforçons sa mise en œuvre. Les ODD doivent s’incarner dans notre système économique, environnemental et social et modifier son cours ».
Et René Longet de donner des pistes de réflexion et d’action : « L’ONU a estimé – avant la crise sanitaire – les coût de ce Programme du peuple, par le peuple et pour le peuple entre 5 000 et 7 000 milliards de dollars par an (dont au moins 1 000 pour la seule transition énergétique), soit quelque 8 à 10% du PIB mondial. La stratégie de financement privilégie la réallocation des ressources des secteurs public et privé : il s’agit de cesser d’investir dans ce qui va à l’encontre de la durabilité et de converger autour de l’Agenda 2020, faisant ainsi coup double ».
Investissements. Financement. Économie. Argent, nerf de la guerre. Et un moyen pour parvenir à la paix et à la sauvegarde de la planète. « L’économie de marché exige éthique individuelle et collective, demande qu’une concurrence loyale soit assurée et que tout monopole de fait relève de l’État, d’un État de droit et démocratiquement légitimé. Il est d’ailleurs de plus en plus question de « réforme du capitalisme », de capitalisme « inclusif » et « responsable », de passer d’une économie de la seule performance financière à celle de la valeur écologique et sociale », souligne René Longet dans son livre inspirant.
Près de trente ans après le rapport « Notre avenir à tous » préparé sous l’égide de l’ONU par l’ancienne Première Ministre norvégienne Bro Harlem Brundtland, qui dirigea également l’OMS et lancé le concept de durabilité, la mise à jour opérée par l’Agenda 2030 jette les bases de la deuxième génération du développement durable, estime l’expert suisse. « À travers leurs contenus mesurables et vérifiables, ses 169 cibles proposent une définition bien plus normative que n’a pu le faire l’Agenda 21 et devraient donner par là un nouvel élan à la durabilité ». Contenus des 169 cibles résumés dans son ouvrage.
Instaurer la vérité des coûts et des prix ; intégrer la valeur du travail de la nature ; redéfinir la notion de rentabilité, et autres idées sont aussi développée dans Un plan de survie de l’humanité. La conclusion de René Longet est sans appel : « Agir ou subir ». Feu Stéphane Hessel n’aurait pas dit mieux : Engagez-vous ! martelait et écrivait l’ancien ambassadeur de France auprès de l’ONU à Genève, devenu un nonagénaire à l’impertinence séduisante auprès de la société civile. La Charte des Nations Unies, peaufinée à San Francisco en 1945, ne commence-t-elle pas par ces mots : « Nous, peuples des Nations Unies… ».
We Are Watching : Les yeux du monde sur l’action climatique
La société civile, qui se manifeste et manifeste. We are watching. Les yeux du monde sont sur vous. Sur l’action climatique. Tel est le message adressé aux décideurs de l’avenir de notre planète, par le biais d’un drapeau de la taille d’un bâtiment de dix étages, arborant un œil composé de milliers de portraits d’hommes et de femmes provenant de 190 pays, réalisé par l’activiste Dan Acher pour la COP25.
Cette bannière monumentale et originale a notamment flotté, pour la première fois à Genève, le 6 mars, sur la plaine de Plainpalais, dans le cadre de la 19ème édition du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH, qui se tient du 5 au 14 mars). Cet oriflamme géant volera ensuite vers les prochains sommets liés au climat, partout dans le monde.
À lire : Un plan de survie de l’humanité – Les objectifs du développement durable, par René Longet.Editions Jouvence Questions de Société, 2020.
Luisa Ballin est une journaliste Italo-suisse qui collabore régulièrement avec le magazine Global Geneva.
Italo-Swiss journalist Luisa Ballin is a contributing editor of Global Geneva magazine.
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