Découverte de la Suisse à travers Paris et Bruxelles
Cet article explore comment la Suisse est perçue à Paris et Bruxelles, avec un regard sur la culture, les événements et l'impact des personnalités suisses.

Cet article explore comment la Suisse est perçue à Paris et Bruxelles, avec un regard sur la culture, les événements et l'impact des personnalités suisses.
Le correspondant du quotidien Le Temps à Paris l’affirme : « Si l’on parle de la Suisse en général, l’image est incontestablement positive. Même les clichés sur la Suisse sont souvent positifs : discipline, travail, rigueur. Il y a bien sûr la lenteur présumée des Helvètes. Mais est-ce vraiment un défaut dans une France où tout le monde s’affaire et est « speedé » ? Il en découle un réel respect des médias suisses francophones, qui ont l’avantage de s’exprimer en français et donc d’être lus ».
Pour Richard Werly, il faut creuser pour trouver les motifs de divergence, voire d’énervement en France vis à vis de la Suisse. « On pense évidemment à l’exil fiscal, décrié par la gauche française. Pourtant, qui a longtemps profité des lois suisses avantageuses en matière de fraude fiscale ? Les Français ! En résumé, la Suisse jouit d’une bonne image en France, fruit d’un long compagnonnage historique et aussi d’un respect vis à vis de cette « indépendance » «helvétique ».
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Le correspondant du quotidien Le Temps intervient régulièrement dans la presse francophone et notamment sur TV5 Monde. Il est par ailleurs chroniqueur à la chaîne parlementaire française LCP. Richard Werly indique à Global Geneva les thèmes suisses qui intéressent les médias français et les citoyens français en général. « L’évasion fiscale, et tout ce qui touche les banques, a longtemps été le sujet principal d’intérêt en France, d’un point de vue médiatique. La preuve en a été apportée, en 2018, lors du long procès d’UBS qui va reprendre, en appel, au début 2021. Un procès, rappelons- le, sur fond de l’affaire touchant l’ancien ministre Jérôme Cahuzac. Pour le reste, la Suisse demeure en général « sous le radar ». On en parle peu, sauf lors des votations, en particulier celles qui abordent des sujets européens comme l’espace Schengen, ou médiatiques comme le vote sur les minarets et la création d’un salaire minimum ».
S’agissant des personnalités suisses les plus connues en France, le palmarès n’est pas une surprise : « Roger Federer est sans doute en tête. Mais il y a aussi des comédiens comme Jean Luc Bideau, Anne Richard ou Vincent Perez. Il faut être un « people » ou un sportif pour exister en tant que Suisse, dans le paysage médiatique français. Bertrand Piccard l’a bien compris, lui qui écume les plateaux de télévision. Une autre personnalité est amenée à faire parler d’elle : le professeur suisse Didier Pittet, nommé par le président Emmanuel Macron a la tête de la commission d’enquête indépendante sur le coronavirus », précise Richard Werly.
Outre les “beautifulpeople” et les sportifs suisses, les écrivains Joël Dicker, Metin Arditi et Jean Ziegler sont-ils connus en France et en Belgique ? « Honte à moi d’avoir oublié Joël Dicker dont le dernier roman, qui se déroule à Genève et à Verbier, est dans toutes les librairies ! Dicker est-il repéré comme un écrivain suisse ? Je vois plus souvent le terme genevois accolé à son nom…amusant non ? Jean Ziegler est évidemment une personnalité incontournable, moins dans l’actualité aujourd’hui mais il est juste de le rajouter à ma liste. Metin Arditi est connu des milieux littéraires, mais à mon sens peu associé à la Suisse, même s’il a écrit un dictionnaire amoureux de la Suisse ! », déclare Richard Werly.
Le journaliste suisse observe de près la France depuis de nombreuses années. Risque-t-elle de sombrer dans le chaos, pour ne pas dire dans la guerre civile, compte tenu des tensions entre le président Macron et une frange de la population ? Richard Werly est catégorique : « Non, je ne crois pas à cette thèse de la guerre civile qui vient. Il ne faut jamais perdre de vue que les Français sont des révolutionnaires contradictoires. Ils veulent la révolution mais sont aussi, pour énormément de choses, très conservateurs ! Il y a des forces de divisions à l’œuvre – comme l’a bien montré Jérôme Fourquet, dans son livre L’archipel Français – mais la France reste à mes yeux un pays solide, où les institutions fonctionnent et, parfois en dernier ressort, finissent par prendre les bonnes décisions ».
Notre confrère ajoute que la difficulté pour Emmanuel Macron est qu’il attise les colères par « son jeune âge, son profil de surdoué, sa manière de parler et son goût de la provocation. Il l’a compris et il y remédie maintenant avec son nouveau Premier ministre Jean Castex. Mais sur le fond, Emmanuel Macron restera le président d’une France divisée. Il doit faire avec ».
Avant d’être basé à Paris, Richard Werly a été correspondant du quotidien Le Temps à Bruxelles. Fin connaisseur des arcanes européennes, il explique que la Suisse est perçue dans la capitale de l’Europe « comme un pays partenaire qui oublie trop souvent ce que l’Union européenne lui apporte via son marché et son infrastructure de sécurité. La Suisse est fondamentalement un pays tiers qui avait toute sa place, comme tel, face à l’Europe des douze, voire des quinze. À vingt-sept Etats membres, c’est très différent. L’exigence suisse d’être traitée à part est compliquée à gérer ».
Le Brexit n’a pas simplifié les choses. « La question du départ de la Grande Bretagne imposait, pour Bruxelles, de ne rien céder à Berne. Point positif : la Suisse est perçue comme un partenaire fiable, qui n’utilise pas le mélodrame politique comme le fait le Premier ministre britannique Boris Johnson. Mais il existe une fatigue suisse à Bruxelles. Il faut en tenir compte. C’est une réalité », avertit Richard Werly.
Lorsqu’on lui demande quels thèmes suisses intéressent les médias belges, le journaliste est formel : « Ces jours-ci, la Suisse fait beaucoup parler d’elle en Belgique à cause de la Covid-19 ! Les Belges ont une proximité particulière avec la Suisse liée à la montagne. Contrairement aux Français, ils n’ont pas les Alpes. Pour la Belgique, la Suisse est avant tout un partenaire économique. Et Roger Federer reste en tête de gondole ! ».
Les médias français et belges sont-ils intéressés par la Genève internationale, par l’ONU et les organisations internationales ? « En ces temps d’épidémie de coronavirus et de menace sanitaire mondiale, la réponse est oui. Tout le monde sait désormais que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est à Genève. L’importance de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) dans l’affrontement entre la Chine et les Etats Unis a aussi valeur de solide argument pour la Genève internationale. Oui, l’intérêt est là. Comment mettre en valeur ces organisations dans les médias est une autre question. Il est clair que la meilleure manière de le faire est de surfer au mieux sur l’actualité, lorsqu’elle est porteuse », souligne le journaliste qui a aussi été en poste à Genève.
Après avoir perdu de sa crédibilité auprès de nombreux citoyens européens, et notamment auprès des Italiens qui figuraient jadis parmi ses plus fidèles soutiens, l’Union européenne (UE) risque-t-elle d’imploser, notamment face à sa gestion de la crise liée au coronavirus ? « L’union européenne échouera, voire explosera, si elle devient inutile pour les Européens. L’enjeu est simple : l’UE doit faire chaque jour la preuve de son efficacité. Oui, le risque existe, comme pour toutes les unions ou les empires au fil de l’histoire, de la voir un jour éclater. Une construction politique de ce type est par définition fragile. Pour l’heure, l’adversité est telle, avec le Président des Etats-Unis Donald Trump et la Chine, que l’Union européenne a objectivement des cartes à jouer pour démontrer son efficacité. A condition que l’économie reparte », estime ce spécialiste de l’Europe.
Richard Werly dirige par ailleurs la collection L’âme des peuples aux Editions Nevicata à Bruxelles, qui compte plus de 60 titres depuis sa création en 2013. « Parce que pour connaître les peuples, il faut d’abord les comprendre », affirme ce passionné de relations internationales. Un livre sur l’Europe et un sur la France sont-ils en préparation ?
« L’Âme des peuples a des racines suisses ! D’abord du fait de ma responsabilité comme directeur de collection, ensuite par la présence d’auteurs suisses qui ont écrit de nombreux livres dans notre collection : André Crettenand (sur la Suisse), Isabelle Falconnier (sur le Montana), Luisa Ballin (sur Milan), Serge Enderlin (sur l’Angleterre) Sylvie Arsever (sur la Turquie) et bientôt Guy Mettan (sur le Valais). Nous avons un livre en cours sur l’Europe, dont le titre résume le propos : « Rallumer les étoiles ». L’objectif est de montrer comment l’Europe s’enracine dans l’âme des peuples européens et peut, sur cette base, se réinventer. Son auteur principal est André Gattolin, un sénateur français, que je vais appuyer comme coauteur ».
Pour rédiger l’ouvrage sur la France, L’âme des peuples cherche la perle rare. « Plusieurs auteurs sont en lice. J’attends leur réponse. Le livre sur la France sera compliqué. Il nous faudra un auteur capable de la raconter, de la décrypter et de la faire comprendre. L’exercice n’est pas facile ! », conclut Richard Werly.
Lundi 10 août 2020, à 18h30
La Suisse vue de Paris et de Bruxelles
Par Richard Werly, correspondant du quotidien Le Temps à Paris
Entretien mené par Luisa Ballin, journaliste
Cinécran, Crans-Montana
Réservation obligatoire : event@swissmadeculture.ch
Membres du Cercle des Amis de SMC, entrée libre
Non-membres, CHF 10.-
Salle aménagée selon les directives sanitaires des autorités
Masques vivement recommandés
Luisa Ballin est une journaliste Italo-suisse qui collabore régulièrement avec le magazine Global Geneva.
Italo-Swiss journalist Luisa Ballin is a contributing editor of Global Geneva magazine.
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