Biden-Poutine: Une Réunion Cruciale pour Genève
La rencontre entre Biden et Poutine représente un tournant pour Genève, redonnant espoir en la diplomatie internationale et stimulant l'économie locale. Lisez notre analyse approfondie.

La rencontre entre Biden et Poutine représente un tournant pour Genève, redonnant espoir en la diplomatie internationale et stimulant l'économie locale. Lisez notre analyse approfondie.
« La rencontre entre les présidents des Etats-Unis et de la Russie est la meilleure chose qui pouvait arriver à Genève et à la Genève internationale » Le Président du Conseil d’État de Genève
Monsieur le Président du Conseil d’État, que représente la rencontre entre les présidents Biden et Poutine pour Genève ?
La rencontre entre les présidents des Etats-Unis et de la Russie est une occasion rêvée et la meilleure chose qui pouvait arriver à Genève et à la Genève internationale en ces temps difficiles de sortie de la crise due au Covid. La Genève internationale a continué de déployer ses activités d’une manière différente pendant de longs mois, avec notamment des réunions à distance. Il y a une symbolique à voir un retour à la normale avec un événement emblématique à Genève. Sur le plan matériel, nous avons des signaux très positifs notamment dans le secteur hôtelier qui a souffert pendant des mois. Même si rien n’est gagné d’avance.
Et pour vous, que signifie-t-elle ?
J’ai eu la chance d’être entré en fonction en tant que Président du Conseil d’État le 1er juin, quelques jours avant cet événement de portée mondiale. C’est un signal important et apprécié.
Vous allez accueillir les présidents Biden et Poutine aux côtés de la Maire de Genève, du Président de la Confédération et du Chef du DFAE. Qu’allez-vous leur dire ?
Je ne suis pas sûr que nous ayons la possibilité d’échanger longuement avec les deux présidents. Il faudra suivre le cadre protocolaire. Le rôle de la Confédération, du Canton et de la Ville de Genève est d’accueillir au mieux les hôtes de marque, de leur dire qu’ils sont les bienvenus dans notre ville. Nous mettons à disposition des lieux de dialogue, c’est la vocation de Genève. Il y a une énorme satisfaction et aussi de la fierté pour Genève. Et un peu pour moi également. Si j’ai l’occasion d’ajouter quelques mots, je leur dirai que j’espère que l’Esprit de Genève favorisera des discussions très positives entre eux.
Qu’attendez-vous de cette rencontre au sommet ?
Le succès serait que tout fonctionne à merveille. Nous avons mobilisé des moyens exceptionnels pour cela. Je souhaite que les délégations, en quittant le territoire, puissent dire que Genève était le bon endroit pour se rencontrer et discuter, que tout était parfaitement organisé et qu’il n’y a eu aucun problème. Et bien sûr que la prochaine fois qu’elles auront besoin de se rencontrer, Genève entrera à nouveau en ligne de compte.
Que répondez-vous aux habitants de Genève qui ne sont pas tous enchantés par l’accueil de cet événement ?
Nous sommes au sortir de cette période très contrainte due au Covid, les beaux jours sont là et nous demandons à notre population de faire un effort supplémentaire. Je comprends qu’il puisse y avoir un certain mécontentement, mais ce sentiment est très minoritaire, si j’en crois ce que j’ai entendu. L’événement est limité dans le temps. Il y de la compréhension et un sentiment de fierté concernant cet événement positif pour Genève. Nous espérons retrouver ensuite une certaine forme de quiétude et profiter de la saison estivale.
Des moyens considérables ont été mis en œuvre et à disposition des deux délégations. Peut-on chiffrer le coût de cette rencontre entre les présidents Biden et Poutine ?
Je ne peux pas vous donner un chiffre. Nous avons des réunions avec les partenaires concernant des répartitions de coûts. Des investissements ont été faits. Mais le montant total n’est pas défini. Je salue la très large collaboration inter-cantonale que nous avons. Des forces de polices ont été prêtées par des cantons et la police municipale mise à disposition par les communes. Le Conseil fédéral a mis à disposition le personnel de l’armée pour assister le canton. Je salue aussi le gros travail de coordination et de savoir-faire. Expertise que nous avons grâce notamment aux 4000 accueils protocolaires par année à Genève, avec des chefs d’État et de Gouvernement, des ministres, des dirigeants d’OI et d’ONG.
Avez-vous quelques craintes ?
Le cadre magnifique choisi pour cette rencontre hors normes va être à l’avantage de Genève et il semble que le beau temps sera aussi de la partie. Tout est là pour bien faire. Il faut que tout se passe bien et qu’il n’y ait pas de couac, car les projecteurs sont dès aujourd’hui braqués sur Genève.
Au niveau de la sécurité, tout a été fait pour que cela se passe au mieux ?
Je ne peux rien vous dire à ce sujet, si ce n’est qu’au niveau de la sécurité, je peux vous garantir qu’énormément de choses ont été faites dans ce domaine et prises de façon très intense par les autorités suisses, genevoises et par les deux délégations.
Vous êtes un coureur de marathon. Cette rencontre au sommet s’apparente-t-il a-t-elle à un sprint ou à un marathon ?
Cela a été plus un sprint qu’un marathon, sans savoir où était l’arrivée. Tout s’est mis en place sans savoir pendant quelques jours où la rencontre allait avoir lieu. Nous ne l’avons su qu’il y a cinq jours. La Ville de Genève s’est engagée pour que la Villa La Grange soit parfaitement adaptée aux besoins de cette rencontre.
Parlons un peu de vous Serge Dal Busco. Vous êtes suisse, né à Genève, avec des origines de Vénétie, comme de très nombreux Genevois. Que représente pour vous le Veneto ?
Je suis né et j’ai grandi à Genève, ville internationale d’ouverture au monde et aux autres. Je suis Genevois et Suisse et très fier de l’être. Comme vous le savez, 60% des habitants de Genève ont des origines différentes. Mes parents sont nés en Vénétie. J’ai donc aussi des racines culturelles dans cette belle région. Nous les portons en nous, elles font partie de nous. J’y suis très attaché, je dois dire plus qu’à l’Italie. Peut-être parce qu’à la maison et avec le reste de la famille, nous parlions en dialetto veneto. J’ai appris l’italien plus tard, en suivant les cours proposés par le Consulat d’Italie à Genève.
D’où venaient vos parents ?
Paradoxalement, comme beaucoup d’Italiens de leur génération qui avaient choisi d’émigrer, mon père et ma mère se sont rencontrés à Genève, alors qu’ils étaient nés dans deux villages distants de 15 kilomètres. Mon père, né à Pederobba dans la province de Trévise, est arrivé dans le canton de Genève comme travailleur saisonnier chez un agriculteur de Confignon. Ma mère est née dans un village de la plaine du Montello, sur la route du Prosecco, sur la rive du fleuve Piave.
Retournez-vous souvent en Vénétie ?
Je vais en Vénétie tous les deux ans en moyenne. Même si depuis plus d’un an et demi, je n’ai pas pu y retourner en raison des restrictions dues au Covid.
Suite à votre élection, vous avez rejoint le Conseil d’État du canton de Genève le 10 décembre 2013. Peu après, vous avez été accueilli par le maire de Pederobba, le village où votre père est né. Est-il vrai que vous avez fait votre discours en dialecte vénitien ?
C’est vrai. En mars 2014, j’ai été reçu par le maire de Pederobba et Onigo. J’ai été stupéfait et ému par l’accueil que j’ai reçu, chaleureux et solennel ! Le maire m’a demandé de prendre la parole et j’ai improvisé un petit discours en dialecte, qui est ma deuxième langue maternelle avec le français, les deux langues que nous parlions à la maison.
Votre attachement à la Vénétie passe aussi par la gastronomie, si je ne m’abuse …
Bien sûr ! Les habitants de Vénétie sont des polentoni ! Nous mangeons de la polenta ! Pendant les vacances d’été, mon père et moi avions l’habitude d’aller manger la poenta brustolada avec la puina fumigada ou du formaio morlac, ma madeleine de Proust ! Nous la dégustions dans une auberge non loin de la maison de mes parents en haut de la Costa Alta à Pederobba. C’était la zone du front pendant la guerre de 14-18, d’où est partie la reconquête, après Caporetto, grâce au célèbre fleuve Piave et après les terribles combats sur le Monte Tomba. L’ossuaire de Pederobba est d’ailleurs un hommage aux soldats français morts pour l’Italie.
Avez-vous aussi un souvenir à Genève lié à la Vénétie ?
Oui, je me souviens de la forte émotion ressentie lors de l’inauguration à Onex, du Chemin des Trévisans auquel René Longet, le maire d’Onex de l’époque, m’avait invité. C’était un hommage aux Trévisans qui avaient construit cette commune. Beaucoup avaient également été invités par l’organisation Trevisani nel Mondo. J’ai fait un discours à moitié en français et à moitié en dialetto veneto.
J’imagine que cette année, vous ferez face à un dilemme pendant l’Euro de football, puisque la Suisse joue contre l’Italie. Qui allez-vous soutenir ?
Mon cœur bat pour la Suisse, c’est certain. Y compris quand elle joue contre l’Italie, comme à l’Euro 2021 ce 16 juin, le même jour d’ailleurs que le Sommet de Genève ! Mais je soutiens l’équipe italienne avec ferveur chaque fois qu’elle joue contre un autre adversaire. L’Italie a mieux commencé l’Euro que la Suisse et je pense que la squadra azzurra ira loin.
Luisa Ballin est une journaliste Italo-suisse qui collabore régulièrement avec le magazine Global Geneva.
Italo-Swiss journalist Luisa Ballin is a contributing editor of Global Geneva magazine.
Afghanistan: time for a more representative peace with Swiss mediation
International Switzerland’s gold mine of knowledge: an unexploited global asset
Femmes en Suisse et dans le monde: – – – ce désir d’égalité qui est un droit
The 2021 Martin Ennals Award: Yu Wensheng of China
The case for letting go of humanitarian reform
The Switzerland-China Agreement: the dangers of becoming Beijing’s security satellite
Philip and Sadruddin: Two extraordinary visionaries