Geneva
International

Reviving Media Interest in International Geneva

This article delves into initiatives aimed at revitalizing media coverage of International Geneva, enhancing understanding of global issues and amplifying the region's significance through strategic partnerships.

Article featured image
Luisa Ballin's avatar
Luisa Ballin
January 8, 202013 min read

Edition Francaise

This article is part of Global Geneva’s development of a French-language component at the request of readers. If you like what we are doing to help highlight ‘international Geneva’ issues, then please support us.

But de ce projet ambitieux ? « Expliquer au public, en Suisse et dans le monde, les grands enjeux internationaux à travers le regard de Genève : tel est le but de ce nouveau pôle médias créé par la RTS sur son site genevois avec SWI swissinfo.ch et en partenariat avec TV5MONDE, l’Université de Genève ainsi que l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques à Paris (IRIS)», explique André Crettenand, de retour dans la ville du bout du lac Léman, après avoir été pendant dix ans directeur de la rédaction de TV5Monde à Paris. (Voir l’article de Edward Girardet de Global Geneva: Are we missing the point of International Geneva?)

« Ce pôle, qui sera situé dans la tour de la RTS à Genève, regroupera, au début de l’année 2020, des journalistes venus de plusieurs rédactions et il est ouvert à des coopérations avec des médias privés poursuivant le même but. Il produira des émissions radio-TV et des contenus digitaux traitant de questions liées notamment au climat, aux migrations, aux droits humains, à la gouvernance d’internet, à la géopolitique. Nous lancerons les podcasts bimensuels Inside Geneva, en anglais, préparés par SWI swissinfo.ch. Le site de la RTS pourra également accueillir des événements où le public aura la possibilité de rencontrer des invités de marque et les experts de la Genève internationale », précise le chef d’orchestre de ce concept novateur.

Pour mieux faire comprendre aux citoyens les enjeux des thématiques qui les interpellent, le nouveau hub de la RTS ne se contentera pas d’être dans la réactivité face au flux continu d’informations, mais se concentrera sur le développement en profondeur de l’information. Et les synergies ne manqueront pas pour assurer cette valeur ajoutée. « Les journalistes proviennent de la rédaction de la SSR avec deux équipes qui œuvreront au cœur de ce hub. La première sera assurée par Marcel Mione et ses collègues de Geopolitis et la seconde sera constituée par des reporters de Swissinfo qui s’installeront dans la tour de la RTS. Par ailleurs, un journaliste radio de RTS La Première rejoindra ce futur hub pour couvrir plus spécifiquement la Genève internationale », ajoute André Crettenand.

Outre la Suisse romande, la Francophonie – région qui touche quelques 175 millions de téléspectateurs dans 200 pays – n’est pas en reste, puisque TV5Monde, la chaîne francophone, programmera au mois de février une émission hebdomadaire de reportages dont les sujets seront commentés par des experts basés à Genève. Objectif Monde, dirigée par Dominique Laresche, sa productrice, présentatrice et rédactrice-en-chef, sera enregistrée à Genève, grâce à la RTS et aussi diffusée sur la chaîne.

De son côté SWI swissinfo.ch, la plateforme internet qui diffuse articles, vidéos, reportages audio et dossiers consacrés à la Suisse (en français, allemand, italien, anglais, espagnol, portugais, arabe, chinois, japonais et russe), proposera, en anglais, le podcast bimensuel Geneva inside. Une Newsletter d’information internationale complètera l’offre.

La RTS, qui accréditait à l’époque en permanence au Palais des Nations un journaliste pour la télévision et un correspondant pour la radio, va-t-elle faire du neuf avec du vieux ? « Non. Si à l’époque les médias diminuaient leurs effectifs au Palais des Nations, c’est parce qu’ils souhaitaient être plus présents sur le terrain en allant à la rencontre des gens plutôt que de diffuser un compte-rendu institutionnel des événements qui avaient lieu à l’ONU.

Notre nouveau concept éditorial sera de ne plus seulement traiter l’actualité qui a lieu au sein de la Genève internationale, mais d’analyser les affaires du monde et les questions universelles que sont l’environnement, le climat, les migrations, l’évolution du travail, l’uberisation de la société, les questions humanitaires ou la régulation d’internet, vues depuis Genève, puisque nous bénéficions ici de l’expertise de spécialistes dans ces domaines clés », affirme André Crettenand.

Antre par excellence des organisations internationales, des ONG, du Forum économique mondial (World Economic Forum), des deux pôles académiques de référence que sont l’Université de Genève et l’Institut des hautes études internationales et du développement (The Graduate Institute), Genève a certes des atouts reconnus à faire valoir, dans un monde de plus en plus globalisé, mais comment expliquer aujourd’hui ce regain d’intérêt pour la Genève internationale ?

« Il est lié à l’actualité des grandes questions comme le climat et les migrations qui occupent l’actualité dans le monde entier et au fait que le rôle de Genève apparait de plus en plus important dans la réflexion autour de ces questions », estime André Crettenand. L’appel à projet récemment lancé par la Ville de Genève, le canton et la Confédération – remporté par la proposition Geneva Solutions faite par la rédaction d’Heidi.news – n’a pas suscité ce nouvel engouement, il l’a révélé, dans la mesure où beaucoup de gens ont saisi cette opportunité pour postuler. Ils ont prouvé leur intérêt pour la Genève internationale et montré qu’ils ont besoin de moyens pour mieux la couvrir ». (Voir l’article de Global Geneva: International donors and aid agencies – Need for a radical re-think)

En lançant son hub, la RTS se dit ouverte à une collaboration avec des partenaires médias privés, des fondations et le monde académique, pour renforcer son rôle de service public avec des activités en faveur de la cité. « L’exemple de la masterclass qui a eu lieu chez nous a été un modèle. (Après la conférence inaugurale de la nouvelle Chaire Abdou Diouf de la Francophonie au Global Studies Institute de l’Université de Genève, brillamment assurée par l’ancienne garde des Sceaux française Christiane Taubira, ndlr). Nous avons également un partenariat avec Pascal Boniface et son Institut de Relations Internationales et Stratégiques à Paris (IRIS) afin de collaborer sur des événements ponctuels », souligne André Crettenand.

Le centre journalistique que la RTS entend développer à Genève ne risque-il pas d’être en concurrence avec les journalistes accrédités au Palais des Nations ? « Au contraire, certains médias internationaux ne reviennent que ponctuellement à Genève pour couvrir les grands événements. Notre centre pourra être un support intéressant pour ceux qui ne peuvent pas dépêcher un journaliste à Genève. Et notamment pour les médias francophones publics, puisque nous travaillons aussi avec Radio Canada, la RTBF et France Télévision, via l’émission de TV5Monde Objectif Monde », conclut le responsable du futur hub de la RTS.

Le nombre de correspondants accrédités à l’ONUG est stable

Le Palais des Nations reste un lieu incontournable pour les journalises de la presse suisse et internationale désireux de couvrir les rencontres au plus haut niveau qui se tiennent dans différents lieux de l’Arc lémanique. Selon le Service de l’Information de l’Office des Nations Unies à Genève (ONUG), en 2019, près de 230 journalistes et auxiliaires de presse ont été accrédités à l’ONU de façon permanente et plus de 1000 journalistes ont été accrédités de façon temporaire ».

« Ce chiffre reste stable par rapport à ceux de ces dernières années. Il est vrai que certaines agences ou médias ont moins de correspondants qu’ils n’en ont eu dans le passé, comme Associated Press, mais ils restent présents au Palais », note Rhéal LeBlanc, chef de la section de la presse et des relations extérieures à l’ONUG. « Outre les correspondants de médias occidentaux, nous avons des correspondants pour des médias de toutes les régions du monde, y compris l’Europe orientale (Russie, Bulgarie, Moldavie), le Moyen-Orient (Koweït, Emirats Arabes Unis et autres), l’Asie (NHK, Kyodo, Asahi Shimbun, etc.), l’Amérique latine et du sud (Mexique, Brésil, Colombie, El Salvador) et l’Afrique (Sénégal). Un journaliste occidental m’a dit son intention d’augmenter son équipe après les rénovations au Palais des Nations, étant très intéressé par tout ce qui se passe à Genève sur le plan du multilatéralisme », ajoute Rhéal LeBlanc.

Les événements phares au Palais qui ont attiré les journalistes en 2019 ont été la première réunion du Comité constitutionnel pour la Syrie, le Forum mondial sur les réfugiés, l’Assemblée mondiale de la santé, la Conférence internationale sur le travail et les séances du Conseil des droits de l’homme, précise le chef de la section de la presse et des relations extérieures à l’ONUG.

Moins de journalistes tués, mais des reporters visés lors de manifestations dans plusieurs pays, et des progrès insuffisants contre l’impunité

A l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, le 2 novembre dernier, la Presse Emblème Campagne (PEC) a constaté un recul du nombre de journalistes tués depuis le début de l’année par rapport aux années précédentes : 65 journalistes ont été tués dans le monde, contre 108 l’an dernier, 82 en 2017, 105 en 2016 pour la même période de dix mois.

“Cette diminution importante est un motif de satisfaction. Des facteurs comme la baisse de l’intensité des conflits au Moyen-Orient, la mobilisation des ONG, une plus grande sensibilisation des gouvernements ont certainement joué un rôle”, estime le secrétaire général de la PEC Blaise Lempen.

Des points sombres demeurent, comme le nombre élevé de travailleurs des médias tués au Mexique, pays jusqu’ici le plus dangereux cette année avec 14 tués. « La PEC a fermement condamné la mort de deux journalistes tués par les forces aériennes turques dans un convoi de civils dans le nord de la Syrie le 13 octobre, un crime de guerre. En outre, lors de diverses manifestations dans plusieurs pays ces derniers mois, des dizaines de journalistes ont été molestés, blessés, détenus, empêchés de faire leur travail, comme à Hong Kong, en Russie, au Cachemire, au Soudan, en Haïti, au Venezuela, en Equateur, au Chili, au Liban, en Irak et en Catalogne ».

Pour le secrétaire général de la PEC, « quelques progrès ont été enregistrés dans la lutte contre l’impunité, mais ils sont insuffisants. Le plus souvent, seuls les exécutants sont identifiés et punis, et non les commanditaires des assassinats. Ainsi, l’enquête sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi il y a un an n’a pas permis de remonter la chaîne de commandement et des doutes persistent quant aux résultats de l’enquête publique décidée par les autorités de Malte deux ans après l’assassinat de Daphne Caruana Galizia. Elément positif, des inculpations, y compris celle du commanditaire, ont eu lieu le 20 octobre dans l’affaire de l’assassinat de Jan Kuciak l’an dernier en Slovaquie ».

Au Mexique, poursuit le secrétaire général de la PEC « l’impunité est quasi-totale, en raison de la corruption des autorités locales, de même qu’en Afghanistan, en l’absence de moyens à l’encontre des groupes terroristes. La plupart des crimes commis en Syrie, en Somalie et en Irak lors des conflits dans ces pays restent impunis, faute de justice indépendante ».

Luisa Ballin est une journaliste Italo-suisse qui collabore régulièrement avec le magazine Global Geneva. Italo-Swiss journalist Luisa Ballin is a contributing editor of Global Geneva magazine.

Edward Girardet, journaliste et auteur suisse-américain, est rédacteur en chef de Global Geneva.Edward Girardet, a Swiss-American foreign correspondent and author, is editor of Global Geneva.