Challenges Facing UN Agencies in Geneva
This article examines how recent U.S. policies threaten UN agencies in Geneva, highlighting the implications for international relations and global diplomacy.

This article examines how recent U.S. policies threaten UN agencies in Geneva, highlighting the implications for international relations and global diplomacy.
Stupéfaction. Consternation. Inquiétude. Les annonces du Président des États-Unis Donald Trump concernant certaines organisations internationales, et notamment celles sises à Genève, sont une menace contre le Droit international et le système multilatéral voulu par les dirigeants occidentaux au sortir de la Deuxième Guerre mondiale sous la houlette des États-Unis d’Amérique.
La déclaration de Donald Trump de retirer les États-Unis du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, jugé « anti-israélien », suivie par la décision du gouvernement israélien d’en faire de même, intervient quelques jours après la volonté du Président des États-Unis de claquer la porte de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), imité par le Président de l’Argentine Javier Milei. Et le vice-premier ministre italien Matteo Salvini a annoncé qu’il souhaiterait que l’Italie en fasse de même.
D’autres organisations internationales basées à Genève semblent également être dans la ligne de mire de Donald Trump comme le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), l’Organisation internationale des Migrations (OIM) ou l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM), institutions dont les financements dépendent en grande partie des contributions versées par les États-Unis.
Stéphane Bussard, correspondant à l’ONU du quotidien suisse Le Temps, résume dans un éditorial une situation que beaucoup feignaient de ne pas voir : « Trump est le révélateur inquiétant de la dépendance de la Genève internationale à l’égard du financement états-unien ». Et le journaliste d’ajouter : « La ville du bout du Léman reflète un ordre international mis en place par les Occidentaux sous l’égide des Etats-Unis. Cette dépendance peut surprendre. Mais elle s’inscrit dans l’ADN de la Genève internationale dont l’essor a vraiment commencé par la création de la Société des Nations sous l’impulsion du président Woodrow Wilson, puis par celle de l’ONU. L’écosystème genevois est la traduction de l’«American Century» et d’un ordre international établi au lendemain de 1945 sous l’égide des Etats-Unis. Il n’est donc pas surprenant que Donald Trump provoque un électrochoc ».
L’inquiétude est réelle face à la décision du Président des États-Unis de suspendre les financements de certaines agences pendant 90 jours. Le compte à rebours a commencé et oblige les autorités genevoises, suisses ainsi que les dirigeants des organisations internationales à se préparer à agir vite et si possible de concert. Sans parler des nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) suisses et internationales dont une partie des fonds dépend également du bon vouloir des États-Unis depuis l’entrée en fonction de Donald Trump le 20 janvier pour son second mandat, avec le soutien d’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde que le Président des États-Unis a chargé de couper dans les budgets de l’État, avec, comme premier pas dévastateur l’annonce de la fermeture de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID).
Autre décision contestée prise par le Président Trump, les sanctions décidées à l’encontre de la Cour pénale internationale (CPI) qui « augmentent le risque d’impunité pour les crimes les plus graves et menacent de miner l’état de droit international », ont dénoncé, le 7 février, 79 États parties à la CPI. Le Procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan avait notamment demandé des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Israélien Benyamin Netanyahou, l’ancien ministre de la Défense israélien Yoav Gallant et le chef militaire du Hamas Mohammed Deif (présumé mort l’année dernière), ces personnes étant accusées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Le Procureur de la CPI avait par ailleurs demandé, en 2023, un mandat d’arrêt visant le Président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, « présumé responsable » de crimes de guerre en Ukraine pour la déportation d’enfants de zones occupées d’Ukraine vers la Fédération de Russie.
L’ONU et la Genève internationale sont-elles en danger ? Comme l’a indiqué l’ancien ambassadeur des États-Unis Charles Adams, lors d’un récent débat au Club suisse de la presse aux côtés du journaliste Stéphane Bussard et du politologue américano-suisse Daniel Warner : « Le retrait des Américains de l’OMS, qui risque d’être suivi d’un retrait américain des Nations Unies tout court, va chambouler la structure financière de la Genève internationale. Ceci dit, ce ne sont pas des montants qui sont au-delà des possibilités d’autres pays. Mais il ne faut pas sous-estimer la remise en question de tout cela ».
Et Charles Adams, qui avait été nommé en 2014 Ambassadeur des États-Unis en Finlande par le Président Barak Obama, de déclarer avec une lueur d’espoir : « C’est une période de crise, mais c’est aussi l’occasion de trouver une nouvelle approche. Il n’est pas impossible que dans cette catastrophe il y ait une occasion à saisir ».