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How the Danish Revolution Transforms Media Narrative

Explore how Denmark's media is transforming journalism through the 'constructive information' movement, promoting balance and positive narratives in society.

The Editors·
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Essential Edge French-language editor Daniel Wermus explores the role of media in Denmark with regard an interesting experiment relating to society.

Geneva

Les médias libres sont-ils là pour dénoncer… ou aider la société? Le concept «info constructive» lancé depuis deux ans par la Radio-TV publique danoise (DR) veut répondre à ce défi, sans rose bonbon ni autosatisfaction aveugle. Montrer les disfonctionnements, mais aussi ce qui marche («Eux le font, pourquoi pas nous?»), encourager le débat et les solutions, interroger ceux qui les trouvent ou les bloquent. Et aussi: équilibrer la proportion des bonnes et mauvaises nouvelles. DR a rapidement retrouvé la tête de l’audience nationale.

Ulrik Haagerup, directeur de l’information de DR, a basé cette révolution copernicienne sur une analyse d’opinion: ras-le bol des combats de coq politicards à la TV (75%), pas assez d’info sur les solutions aux défis actuels (83%), trop d’évènements négatifs (70%)…

Aux journaux télévisés, la déprime était écrasante: 80% de guerres, violences, cataclysmes, scandales… «News is bad news», «If it bleeds it leads» – des axiomes encore transmis aux jeunes journalistes, a constaté la chaîne danoise.

Sommet du désespoir: l’Afrique. La plupart des gens croient que la pauvreté s’y accroît, elle a en fait baissé de moitié depuis 1990. Où peut-on lire que la démocratie progresse, les entrepreneurs locaux bougent, la croissance frise 10% dans bien des pays…?

Les pros de l’info rejettent souvent ces reproches, invoquant l’ignorance du public sur les lois du métier. Pour DR au contraire, la négativité est la maladie chronique des médias occidentaux. Résultat: les citoyens ont de plus en plus peur, alors qu’en réalité les accidents et les crimes sont en baisse. « Les gens ont besoin d’inspiration et de bonnes pratiques montrant que le monde n’est pas que fou, dangereux et méchant », affirme Haagerup.

Il cite l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, co-éditeur de Die Zeit, pour qui les médias n’aident plus la démocratie. Au contraire, plus influents que les politiciens, ils inoculent des toxines négatives et superficielles tout en disant «C’est ce que les gens veulent, c’est ce qui se vend». Ils fixent les agendas et la manière dont on voit le monde: «Les médiacraties ne produisent pas des leaders, mais des populistes. Berlusconi en est juste le pire exemple.»

Haagerup a lancé le débat cet été à Genève, invité par l’ONU.Mais sa présentation a été boudée par les correspondants du Palais, certains estimant que précisément, la com institutionnelle des agences onusiennes est elle-même un obstacle majeur à une info à la fois constructive et critique, captivante et mobilisante. Bon, mais alors qui secouera enfin la grisaille informative des enjeux planétaires?