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Metin Arditi: Swiss Writer Celebrating French Spirit

Explore the literary journey of Metin Arditi, a Swiss writer known for his unique blend of Swiss literature and the French spirit, and his impact on cultural exchange.

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Luisa Ballin
September 6, 201911 min read

At the request of readers, Global Geneva will start publishing occasional articles in French, or both in English and French.

EVENT: Conférence de Metin Arditi: Swiss Made Culture. Vendredi 6 septembre 2019,18h30. Hôtel Royal, Crans-Montana, Suisse. (Conference on the Swiss writer Metin Arditi)

En partenariat avec le Festival du Livre Suisse – Entrée libre, réservation :

Dans le Dictionnaire amoureux de la Suisse et le Dictionnaire amoureux de l’Esprit français, Metin Arditi, l’un des auteurs suisses de langue française les plus lus avec Joël Dicker, propose des abécédaires à son image : curieux, originaux et inattendus. Ecrivain des mille et un ailleurs, Metin Arditi a eu de nombreuses vies, avant de se consacrer exclusivement à l’écriture en 2004. Parmi la douzaine de romans qu’il a signés, appréciés tant de la critique que du public, figurent La Fille des Louganis, Le Turquetto, Prince d’orchestre, La Confrérie des moines volants, Juliette dans son bain, L’Enfant qui mesurait le monde et Carnaval noir.

Né à Ankara, ayant baigné dans la tradition laïque d’une famille juive, Metin Arditi est arrivé dans un pensionnat de Suisse romande à l’âge de sept ans. Une expérience formatrice marquera sa vie et son œuvre. Devenu homme d’affaires, de science et des arts, ce mécène mélomane a présidé le prestigieux Orchestre de la Suisse Romande (OSR). Après des études de génie atomique à l’Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL) et à l’Université de Stanford aux Etats-Unis, il s’installe à Genève, où il fonde une société d’investissements immobiliers. En 1988, il crée la Fondation Arditi, puis, en 2009, la Fondation Les Instruments de la Paix–Genève qu’il co-préside avec l’écrivain palestinien Elias Sanbar, Ambassadeur de Palestine à l’Unesco.

En 2014, il crée la Fondation Arditi pour le Dialogue Interculturel, qui compte en son sein les anciens présidents de la Confédération suisse Micheline Calmy-Rey et Pascal Couchepin. Auteur également de récits et d’essais sur La Fontaine, Vincent Van Gogh, Niccolò Machiavelli et Friedrich Nietzsche, Metin Arditi a été nommé par l’UNESCO ambassadeur de bonne volonté en 2012 et envoyé spécial pour le dialogue interculturel en 2014.

Lors de l’un de nos entretiens, Metin Arditi m’avait expliqué son attachement aux langues : « Dans ma famille à Istanbul, au début des années 50, on entendait cinq langues : le français, le turc, le ladino, mélange d’espagnol et de turc, le grec et l’allemand que mon père parlait avec ma gouvernante autrichienne. On m’a ensuite mis dans une école interne à Paudex près de Lausanne où j’entendais d’autres langues encore : le farsi, l’anglais et l’italien. J’apprenais ces langues avec mes copains, le soir dans les dortoirs. Quelqu’un a été surpris de m’entendre parler l’italien. C’était une des langues de mon enfance, que j’ai ensuite étudiée et pratiquée dans mon travail ».

Parfait cosmopolite, Matin Arditi a été naturalisé suisse et, en octobre dernier, il a été fait Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres à Paris par le ministre français de la Culture. Dans son Dictionnaire amoureux de la Suisse (Plon, 2017), il associe à chaque entrée un souvenir. Réminiscences liées à des villes de la placide Helvétie : Bâle la royale, Berne, la charmante, Lausanne et ses arts, Zurich ou le vrai argent, Genève et son esprit ou encore La Chaux-de-Fonds, métropole à l’urbanisme horloger figurant au patrimoine mondial de l’UNESCO qui a notamment vu naître l’architecte, peintre, sculpteur et urbaniste Le Corbusier, dont le talent a également été salué par l’UNESCO.

Patrie de bâtisseurs, la Suisse a aussi été une terre d’asile et d’écriture. Par quel miracle attire-t-elle autant d’écrivains ? « Thomas Mann, Bertold Brecht ou Robert Musil s’y installeront en réfugiés politiques. Mais Hess, Borges ou Nabokov n’étaient pas contraints, ils avaient librement choisi de faire de la Suisse leur dernière patrie. Tant d’autres sont venus écrire dans ce pays dont on répète qu’il ne s’y passe rien qui puisse stimuler l’imagination… Que cache donc cette Suisse conventionnelle, engluée dans son bien-être, plus soucieuse d’efficacité que de rêve, pour attirer des Rainer Maria Rilke ou des Patricia Highsmith, dont le métier est d’imaginer ?» se demande Metin Arditi, un brin provocateur.

La Suisse, pays mystérieux, a aussi vu naître le sculpteur Jean Tinguely et abriter ses amours avec sa complice, la lumineuse Niki de St-Phalle. Tout comme leur créativité partout saluée. « Le succès ne change pas les grands artistes. Il les conforte dans leur liberté… Couple d’une solidarité rare qui incarnera l’une des aventures artistiques les plus flamboyantes du XXe siècle » , affirme l’écrivain.

Mais si Metin Arditi a la plume heureuse pour célébrer le génie helvétique, il sait griffer avec un même talent. A la lettre S de son dictionnaire amoureux figure un nom : Swissair. Il fut un temps, se souvient-il, où « monter dans un avion Swissair, c’était être choyé, se sentir en sécurité. C’était déjà être en Suisse. Et voilà qu’en un rien de temps, la fierté du pays devient l’objet d’un drame et d’une angoisse nationale ». Drame du vol New York-Genève qui s’échouera au large de la Nouvelle écosse et dont aucun des 229 occupants ne survivra. Viendra ensuite une gestion calamiteuse, puis l’épisode humiliant du grounding des avions de l’une des meilleures compagnies du monde, cloués au sol. Swissair étant incapable d’honorer ses dettes. « Des sociétés se créent, d’autres disparaissent. Mais cela n’excuse pas l’incompétence et l’arrogance des dirigeants de Swissair ».

Pour Metin Arditi, l’amour de la Suisse passe aussi par l’estomac. Fin gourmet, l’homme de lettre avoue sa passion pour les fromages suisses et les vignes en terrasse de Lavaux, dont un lieu de production : le dézaley, nom de vent et appellation phare, situé sur la commune de Puidoux. « Une fascination », se délecte l’épicurien féru d’une suissitude à laquelle il rend un hommage en 170 définitions et une dédicace à son ami fraternel Elias Sanbar, écrivain et ambassadeur palestinien «qui lui aussi connaît la douceur des terres d’accueil ».

Chantre du panache de l’Esprit français

A Crans-Montana, Metin Arditi présentera également son Dictionnaire amoureux de l’Esprit français (Plon-Grasset, 2019). « Je suis né dans un pays où la France n’a jamais été une puissance coloniale ou mandataire. Où, lorsque j’étais enfant, elle n’avait pas d’influence économique prépondérante. Et où, pourtant, sa présence était exceptionnelle. Le français flottait avec une nonchalance gracieuse sur les rives du Bosphore. Chacun le parlait. Par quel miracle ? Je ne sais pas. A l’Istanbul de mon enfance la France n’offrait pas seulement le plaisir de lire ses grands écrivains, celui d’écrire en les prenant comme modèles, de respirer sa langue comme sa syntaxe dicte de le faire. L’essentiel est ailleurs », écrit-il en préambule.

Une France dont l’esprit le séduit. « On ne considère en France que ce qui plaît », dit Molière. Partant de cet indiscutable constat, l’écrivain suisse examine les diverses formes dans lesquelles s’incarne en France le désir de plaire, le goût du beau, mais aussi l’amour du trait assassin, un irrésistible penchant pour la théâtralité ou la tentation des barricades.

Metin Arditi, qui tient également une chronique dans le quotidien français La Croix, cite Jules Ferry, La Liberté et la tradition, et l’historienne Mona Ozouf qui définit parfaitement cette nation contradictoire : « La difficulté avec la France, c’est qu’il y en a deux : en elle coexistent une nation aristocratique et une nation démocratique ; un pays conservateur et un pays révolutionnaire ; l’un presque engourdi, l’autre éminemment inflammable. » Un pays, où un ténor de la grande politique, ancien ministre, ancien tout, cité par l’écrivain suisse, parle de « l’inconscient monarchique français » et de l’Elysée « investi de pouvoirs d’autant plus fascinants qu’ils sont mystérieux ».

Mystère, charme et liberté. Un je-ne-sais-quoi qui rend l’Esprit français irrésistible. Et Metin Arditi d’évoquer l’ironie du philosophe Vladimir Jankélévitch, dont un des textes phares a pour titre : Le Je-ne-sais-quoi et le Presque rien. « Comme l’ironie, l’expression incarne l’esprit français spirituel au plus haut degré, et temporel au point d’être frivole. Elle dénote à la fois le travail accompli (on a cherché, sans succès) et une délicatesse ; on affiche son échec. On le revendique avec élégance. On prend acte de ses propres limites, preuve d’un esprit distingué…Je ne sais pas quel est le mot juste, mais vous le devinerez sans que ni vous ni moi ayons à préciser duquel il s’agit. Car nous voyons les choses d’un même œil, vu que nous appartenons au même monde… ».

Un même monde, où la France et la Suisse romande se partagent une langue commune à laquelle l’écrivain d’origine turque rend hommage avec panache.

Geneva-based writer Luisa Ballin is a contributing editor to Global Geneva magazine.

For more information on the Crans-Montana event. Pour plus d’informations:

Conférence de Metin Arditi: Swiss Made Culture. Vendredi 6 septembre 2019,18h30. Hôtel Royal, Crans-Montana, Suisse.

Email contact: event@swissmadeculture.ch

Website: www.swissmadeculture.ch

An article in English featuring Metin Arditi: Lost and Found at the Sion Book Festival

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